Un mariage de rêve, le film inattendu de Stephan Elliott
Adapté de la pièce de Noël Coward Easy Virtue, Un mariage de rêve est l’occasion d’un retour aux années folles, ou plutôt, d’un coup de projecteur sur les heurts d’une rencontre qui a dû être détonante. Il a bien fallu, en effet, que la joyeuse fureur d’après-guerre rencontre avec violence l’austérité des mœurs de la haute société britannique.
Alors voilà le tableau : Larita (Jessica Biel), incarnation de l’âge du jazz jusque dans sa nationalité américaine, est épousée par le jeune John Whittaker (Colin Firth) qui la ramène dans sa campagne, dans un manoir anglais tenu avec poigne par une mère (Kristin Scott Thomas) bien accrochée aux bonnes mœurs de la Haute. Forcément, si ça ne passe pas, ça casse !
Mrs Whittaker colle parfaitement à la peau de Kristin Scott Thomas qui l’interprète avec une indéniable justesse : elle a l’œil machiavélique, juste ce qu’il faut de froideur et de tendresse pour demeurer crédible, et le snobisme à l’anglaise jusque dans ces traits, toujours aussi fins mais ici nécessairement vieillis. Quant à Jessica Biel, elle rayonne dans un rôle là encore sur mesure, et c’est toute en formes et dans une sensualité concupiscente assumée qu’elle évolue en liberté, soit en modernité. Ses déambulations déjà agissent comme une provocation désinvolte imposée aux yeux effarés de sa belle-mère ! Ce duo duel de femmes que tout sépare, tout en faisant office de synecdoque d’une rupture socio-historique jusqu’aux années vingt inégalée, se nourrit d’un verbe cynique un tantinet excessif qui amuse et suscite parfois même de vrais rires.
Le réalisateur australien Stephan Elliot est parvenu à cet humour anglais, difficile d’accès car un peu pincé tout en versant volontiers dans l’excès. Le second degré est atteint et la tragédie s’est dépassée pour devenir une tragi-comédie où la dénonciation émerge de l’excentrique. Le film est donc réussi, à la hauteur de la pièce de Noël Coward dont on retrouve, et le mot cinglant, et l’humour caustique.
Christine Sanchez
Un film de Stephan Elliot (1h36), d’après la pièce de Noël Coward, avec Jessica Biel, Colin Firth, Kristin Scott Thomas, Ben Barnes.
Sortie en salles : 6 mai 2009
Articles liés
“La Negra” : un hommage à Mercedes Sosa par Claudia Meyer à la Maison de l’Amérique latine
Le caractère original et innovant de l’angle choisi par Claudia Meyer est de faire revivre l’artiste Mercedes Sosa (10 ans déjà) et de redécouvrir l’œuvre et l’itinéraire d’une femme internationalement connue pour sa voix, son engagement, ses succès et...
“Une trilogie new-yorkaise”, Paul Auster en miroir d’Igor Mendjisky au Théâtre de la Ville
Dans une fresque en forme de thriller de près de quatre heures avec entractes, Igor Mendjisky déclare sa flamme à l’écrivain américain Paul Auster et sa “Trilogie new-yorkaise”. Trois romans constituent les trois histoires qui croisent des détectives et...
Effets visuels (VFX), jeux vidéo et animation : l’école américaine GNOMON intègre le groupe EDH
GNOMON, établissement d’enseignement supérieur privé américain, spécialisé dans les domaines des effets visuels (VFX), des jeux vidéo et de l’animation, intègre le Groupe EDH, leader français de l’enseignement supérieur spécialisé dans la formation aux métiers créatifs. Fondée par Alex...